A la lecture de vos "Reines
de France", on ressent chez vous le désir de restituer leur vérité
psychologique aux monarques de l’Ancien Régime, et ce, en faisant
fi de tout esprit partisan. On découvre ainsi des êtres de chair
et de sang, et l’image que vous en donnez diffère de celle habituellement
retenue. Pourquoi, selon vous, ce désir de nombreux historiens de réhabiliter
ces acteurs de l’Histoire deux cents ans après la Révolution
Française ?
Si la Révolution est une coupure très
importante dans notre Histoire, il n’est pas raisonnable de rejeter
dans les ténèbres extérieures tout ce qui l’a précédée,
et de penser que tout a été créé à partir
de rien. Au contraire, je suis très sensible à la continuité
qui existe entre Ancien Régime et Révolution. Les institutions
actuelles doivent d’ailleurs beaucoup à la monarchie : un bon
nombre d’entre elles ont été créées avant
la Révolution. Si je me suis intéressée à cette
période de l’Histoire, c’est parce que je suis, par ma
formation et l’exercice de mon métier, une littéraire.
J’ai beaucoup travaillé avec mon mari sur les auteurs du XVIIe
siècle et notamment sur les Mémorialistes. Je suis venue à
l’Histoire par la littérature. Les personnages historiques m’intéressent
dans la mesure où ils présentent le même type d’intérêt
que les personnages de roman, avec cet attrait supplémentaire qu’ils
ont vraiment existé ! C’est dans la perspective d’une histoire
des mœurs et des mentalités que je me suis penchée sur
les reines de l’Ancien Régime. N’étant pas médiéviste,
j’ai commencé mon étude au XVIe siècle et j’ai
suivi les reines pendant les trois siècles qu’on appelle "Temps
Modernes". Ce n’est pas la politique qui m’intéresse
en soi. Je suis femme, je ne suis pas une féministe militante, mais
j’aime que l’on considère la femme comme l’égale
de l’homme. D’où la question que j’ai posée:
"Qu’est-ce qui attend une jeune femme quand elle épouse
le Roi de France ?" Pas grand-chose de bon d’ailleurs ! Il est
à peine plus agréable d’être une maîtresse
car c’est un siège dangereusement éjectable ! Je voulais
donc essayer de me mettre à leur place.