Aujourd’hui encore, le château
de Fontainebleau est associé de façon quasi exclusive, dans
l’esprit du public, au souvenir de Napoléon Ier. Certes, il se
l’était approprié et avait réaménagé
à sa guise les appartements abandonnés par les derniers Bourbons,
dont il se proclamait le successeur. Mais le décor pompeux conçu
pour les fastes officiels du XIXe siècle ou même les petits appartements
remeublés non sans goût par l’une ou l’autre impératrice
forment avec les salles Renaissance un contraste violent, brutal, qui vient
opportunément nous rappeler que Fontainebleau fut d’abord une
création de François Ier. Une création neuve, unique
en son genre, une maison où vivre, où bien vivre, en même
temps qu’un concentré de tout ce que l’art italien du moment
pouvait offrir de plus séduisant et de plus audacieux. Seul château
à avoir donné son nom à une école de peinture,
ce fut un lieu de bouillonnement artistique sans équivalent, inséparable
d’un hédonisme allégrement affiché, créateur
d’un style de vie enraciné dans une savante culture de cour.
Il nous offre comme en raccourci la quintessence de ce qui fut, en son temps,
un lieu magique à nul autre pareil, un havre de bonheur, un “vrai
paradis”, où s’estompaient les contraintes du réel
et où les hommes pouvaient se prendre pour des dieux. S.
B.