Je m'appelle Clytemnestre, reine d'Argos. Vous me connaissez bien.
Voici trois mille ans que vous me montrez du doigt en frémissant
d'indignation. Avec l'aide de mon amant, j'ai tué mon époux
Agamemnon, à son retour de la guerre de Troie. Et j'ai péri
de la main de mon fils Oreste.
Du fond du royaume des morts, Clytemnestre prend la parole, en une
langue proche de la nôtre, pour une apologie (au sens premier de plaidoyer
de la défense). Son récit, très vivant, riche en péripéties,
respecte les principales données de la terrifiante légende
des Atrides telle que l'a fixée Eschyle - entre autres le sacrifice
d'Iphigénie, qu'elle n'a jamais pardonné. Mais il ne s'interdit
pas d'élargir les perspectives. Il évoque, parfois avec humour,
les principaux acteurs de la guerre de Troie, et, toujours avec tendresse,
sur fond de vie quotidienne, les humbles gens qui les suivaient. Avec en
arrière-plan la terre grecque, âpre et gorgée de soleil.
Très loin de nous, Clytemnestre est aussi très proche. Elle
nous parle, en femme, du mariage et de la maternité, de l'ambition
et de la guerre, de la vengeance dévastatrice et des hommes qui se
prennent pour des dieux.