Mécontent de la place qui lui était promise dans une société
dans laquelle il ne contestait cependant pas les fondements, Paul de Gondi
défia tous les obstacles rencontrés sur sa route : sa famille,
Richelieu, et surtout Mazarin, à qui l'opposa un combat sans merci.
Il fut l'âme et le grand vaincu de la Fronde. Le chapeau de cardinal,
conquis de haute lutte, ne suffit pas à lui épargner, après
neuf ans de résistance, une mise à l'écart définitive.
Son dernier défi, contre lui-même, il l'a gagné: il
a exorcisé l'échec dans l'irrévérencieux Mémoires
à l'humour décapant. Il voulait être un grand homme.
Il fut un grand écrivain. Centré sur la Fronde, son récit,
si brillant qu'il soit, reste très incomplet et partial. Il n'interdit
pas, au contraire, une enquête sur ses zones d'ombre. Celui qu'on
a dépeint trop souvent comme un trublion sans scrupule laisse apparaître
une personnalité plus nuancée, plus complexe, plus riche.
Passionnante comme un roman, la vie mouvementée de ce prélat
anti-conformiste ouvre sur l'histoire du XVIIe siècle des perspectives
stimulantes. Elle offre aussi des leçons de politique appliquables
à tous les temps.